« Et je suis écœurée de vous, les partisans de la prostitution ! »

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Traduction : Sabina Becker et Martin Dufresne

Après avoir lu une interview de la lobbyiste pro-prostitution Stephanie Klee, Huschke Mau, une femme sortie de la prostitution, en a eu assez et répondu ce qui suit : « Je suis l’une de ces prostituées volontaires si souvent vantées », écrit-elle. « Et je suis écœurée de vous, les partisans de la prostitution. »

Chère Stephanie Klee,

Je me réfère à l’interview qu’a publiée de toi le magazine urbain Zitty Berlin, et je tiens d’abord à te remercier parce que si je ne l’avais pas lue, je garderais encore le silence. Tout d’abord : tu me permets de te tutoyer ? Car nos sommes des collègues, pour ainsi dire. Parce que oui, je ne connais que trop bien la prostitution, y ayant passé dix ans.

Sais-tu, je trouve tes déclarations sur la prostitution assez remarquables. Je m’étonne simplement que tu as oublié d’en mentionner certains éléments – des éléments qui m’apparaissent très importants.

Tout d’abord, tu as négligé la question fondamentale de savoir s’il existe réellement un besoin pour la prostitution. J’apprécie que, du moins, tu n’aies pas eu recours au bon vieux pseudo-argument banal selon lequel les taux de viol connaîtraient une hausse astronomique en l’absence de bordels. Un argument qui signifierait que les hommes sont incapables de contrôler leurs pulsions de loup-garou et que, s’ils ne venaient pas nous baiser le long des trottoirs, ils n’auraient d’autre choix que de violer).

Mais quel besoin a la société de la prostitution, Stéphanie ? Pourquoi avons-nous besoin du fait que les hommes soient autorisés à acheter des femmes (puisque la plupart des prostituées sont des femmes, et que ceux qui sont de sexe masculin desservent des acheteurs homosexuels) ? Comment expliques-tu ce fait et que t’apprend-il ? Apparemment, cela ne caractérise pas à tes yeux un rapport de force. Et voilà le premier point aveugle de ta position.

La seule personne

qui s’éclate dans la prostitution,

c’est le prostitueur-client !

Tu écris que la prostitution, c’est du sexe. Tu sais, à mes yeux, un rapport sexuel implique au moins deux personnes. Ce n’est pas la situation où l’une d’entre elles dessert exclusivement les souhaits du client, tout en étant forcée d’« écraser » sa propre sexualité et elle-même, sa personnalité.

J’aimerais te demander dans quel milieu de la prostitution tu vis si tu n’as pas remarqué que les « variétés » de « sexualités », à savoir les « souhaits » des prostitueurs, sont de plus en plus violents et de plus en plus destinés à humilier l’autre. Pourquoi ne lis-tu pas les forums internet où s’expriment les prostitueurs, chère Stephanie ? On y lit très clairement que les hommes (prostitueurs) ressentent comme une expression de leur pouvoir le fait de pouvoir cracher au visage des femmes dans les bordels et de leur « gicler » du sperme dans le corps ; ils peuvent tester le niveau de tolérance des femmes à la pénétration anales, leur éjaculer au visage et insister pour qu’elles avalent le sperme après leur avoir enfoncé la queue au fond de la gorge.

Lis donc le langage employé sur les forums de clients ? Lis comme ils prennent plaisir et s’excitent à savoir que la femme n’aiment pas cela et ne le fait que pour l’argent, parce qu’elle a besoin de ce maudit pognon ou parce qu’il y a un mec assis dans la pièce d’à côté.

Lis donc quel est le langage sur les forums de clients, lis donc comme cela les rend chauds, comme ils s’excitent à savoir que la femme n’aime pas cela et ne le fait que pour l’argent, mais qu’elle doit le faire, parce elle a besoin de ce maudit pognon ou parce qu’il y a un mec assis dans la pièce d’à côté. Vois comme ils testent et transgressent délibérément les limites et, même s’ils ne donnent pas libre cours à leur sadisme, ils en sont pleinement conscients. Dans la prostitution, il ne s’agit pas de sexe, mais de pouvoir. De pouvoir et rien d’autre. Ne fais pas semblant que les femmes pourraient y vivre leur sexualité : la seule personne qui s’éclate est le prostitueur, dont tu satisfais les volontés – à tes dépens.

Et non, Stephanie, le prostitueur n’oublie pas ce sentiment de puissance pour lequel il a payé. Il n’oublie pas que les femmes sont des êtres disponibles, qu’il peut se les approprier, qu’elles sont là pour satisfaire ses désirs à lui, qu’elles écrasent leur sexualité et leur âme dans l’acte sexuel, et n’ont droit à aucuns besoins, limites ou désirs. Oh, non. Il s’empare de ce sentiment qui assimile pour lui la sexualité au pouvoir et l’amène avec lui hors du bordel, et cela affecte ses relations avec les femmes qui ne se prostituent pas. La prostitution est une violence. Une machine à satisfaire les hommes.

Ne prétends pas n’avoir jamais ressenti la violence des prostitueurs, et ne me conte pas la belle histoire du client aimant et tendre qui ne veut qu’échanger des câlins et respecte toujours tes limites. L’Allemagne a légalisé la prostitution, et qu’est-ce que cela a donné ? Encore plus de prostitution et surtout une demande de plus en plus excessive. Et je n’entends pas seulement par là qu’il y a de plus en plus de prostitueurs, parce que les hommes ont bel et bien appris qu’il est OK d’acheter des femmes. (Oh, j’entends déjà le pseudo-argument voulant que ce ne soient pas les femmes que le client achète, mais un « service ». Quelle absurdité ! Peux-tu te débrancher de ta chatte, ton cul, tes seins, ta bouche et de ce que tu fais avec ? Non, c’est toujours la personne tout entière qui est touchée.)

Tu ne parles PAS en mon nom, ni au nom d’aucune prostituée que je connais !

Regarde simplement ce que réclament les prostitueurs : pouvoir embrasser, la « totale sans condom », la pénétration anale (sans condom non plus), la française totale (c’est à dire, l’avalement du sperme), le léchage de l’anus, la pénétration au poing, l’éjaculation au visage ; ils veulent des tournantes et des partys de viol, ils veulent des filles de plus en plus jeunes et des filles « sans tabous », conditionnées à faire TOUT ce que veulent les prostitueurs. Ils veulent de la baise à tarif forfaitaire, avec autant de filles et de femmes que possible, pour le simple prix d’entrée au club.

Comment t’expliques-tu cela ? Il est clair qu’avec la légalisation, la prostitution a révélé sa vraie nature : la violence. La mise à disposition absolue du corps des femmes. Une actualisation effrénée de la violence masculine. Et aussi, une torture sexualisée.

Parce que, chère Stephanie, si tu jetais un coup d’œil sur les forums de prostitueurs, tu verrais que ces hommes sont des misogynes. Qu’ils adorent tourmenter les femmes, les pousser aux limites de leur endurance. Et il y a autre chose : les prostitueurs veulent des prostituées sous contrainte. Parce qu’ils peuvent ainsi s’assurer qu’elles devront accepter des pratiques qu’auraient rejetées n’importe quelle prostituée allemande « décente » de la vieille école. Voilà ce que veulent les prostitueurs.

Comment réussis-tu à fermer les yeux sur le fait qu’il existe maintenant dans chaque ville plusieurs grands bordels et que presque toutes les femmes qui y travaillent parlent peu ou pas d’allemand ? Leurs « protecteurs » déposent le matin et viennent chercher en soirée des femmes offrant des pratiques qui les blessent et menacent leur santé. Penses-tu qu’elles aiment cela ? Seraient-elles toutes masochistes ? Et tu écris que pour ces femmes (venues de Roumanie ou de Bulgarie), la prostitution est une alternative splendide ? Penses-tu vraiment que la prostitution est une alternative splendide à la pauvreté ?

Tu parles de la prostitution comme si c’était quelque chose de souhaitable, censé être super pour les femmes et les filles. Pourquoi ne mentionnes-tu pas les raisons qui poussent les femmes à la prostitution ? Et je n’inscris même pas dans l’équation la prostitution sous contrainte. D’ailleurs, à quoi correspond la contrainte pour toi ? Le fait de devoir choisir la prostitution pour échapper à la pauvreté et à un avenir bouché ? Tu ne perçois pas ces facteurs comme une contrainte, mais comme une occasion super ? Pourtant, même les femmes qui entrent « volontairement » dans l’industrie s’y retrouvent sous contrainte.

C’est le cas par exemple quand le loyer des chambres est si élevé que les femmes doivent accepter un prostitueur, même à contrecœur, pour ne pas se retrouver couvertes de dettes envers le « locateur ». Ou quand elles n’osent pas refuser un prostitueur, pour ne pas s’attirer à nouveau les foudres des « gardiens » ou du propriétaire du bordel, qui n’aime pas quand ses filles ont la réputation d’être « difficiles ».

Tu suggères presque que les femmes sont dans cette industrie pour « s’éclater ». Chère Stephanie, je suis l’une de ces prostituées « volontaires » si souvent vantées. J’ai commencé à 18 ans, après 17 années de raclées et d’agressions sexuelles par mon beau-père, et après avoir fugué de chez moi, je me suis dit que je ne savais faire que cela, je n’étais bonne que pour la baise. Et de toute façon, si je ne suis bonne qu’à cela, eh bien, c’est maintenant ma police d’assurance-vie pour survivre.

Au début, je pensais que j’avais du pouvoir. Je me disais : ils sont même prêts à payer pour m’avoir. J’ai réglementé l’accès à mon corps par le biais de la prostitution. Voici ce que j’ai appris : de toute façon, tout le monde a le droit de te passer sur le corps. Puis, on m’a permis d’« opérer un filtrage » : Non, plus tous les hommes, mais seulement ceux qui peuvent se le payer.

Je ne suis pas la seule dans cette condition. Je n’ai pas rencontré une seule prostituée qui n’avait pas été violentée sexuellement ou violée dans l’enfance ou à l’âge adulte, ou qui n’avait pas vécu quelque autre forme de violence sexualisée. J’irais même jusqu’à dire que si notre société n’empêche pas efficacement l’agression massive des jeunes filles, c’est parce qu’elle s’en sert. L’agression sert de conditionnement précoce, comme on dresse un cheval. C’est pratique parce que, dans l’agression, les femmes et les filles apprennent à se dissocier, à se retirer de la situation au moment de l’acte, à ne plus être là (et c’est exactement ce que le prostitueur achète, l’abolition de la volonté de la femme à ce moment, parce qu’il a payé pour la faire disparaître).

Le lien entre l’agression sexuelle et la prostitution est établi et documenté de longue date : au moins 60 pour cent des femmes prostituées ont été agressées sexuellement dans l’enfance (d’autres statistiques parlent de 90 pour cent). La seule façon dont ces femmes « s’éclatent », Stephanie, est la reconstitution de leurs traumatismes, qu’elles espèrent arriver à dépasser mais, bien sûr, n’y arrivent pas. Et en sachant tout cela, tu ne veux pas qu’on offre de soutien pour sortir de la prostitution, mais plutôt pour y entrer, c’est bien cela ?

Ne prétends pas n’avoir jamais ressenti la violence des prostitueurs !

Il y a des femmes vivant dans la prostitution qui sont traumatisées et la prostitution les traumatise encore plus. Sinon, comment t’expliques-tu, chère Stephanie, qu’il y a des masses de prostituées (dont moi) qui souffrons de troubles de stress post-traumatique (des études révèlent au moins 60 pour cent de TSPT avérés) ?

Tu dis que la prostitution communique aux prostituées un sentiment d’euphorie, qu’elles sont heureuses de rendre le client heureux et d’avoir de l’argent dans les poches. Mais que signifie « rendre le client heureux », au fond ? Cela signifie seulement que j’ai réussi à retourner la violence contre moi-même (en supprimant ma personnalité, mon dégoût, ma révulsion et ma volonté), pour que le client puisse me faire violence en me mettant au service de ses envies. Et tu dis que c’est cela qui rend les prostituées heureuses ? Le bonheur de se dissocier et de ne pas être là ?

Tu prétends que la traumatisation de la prostituée ne débute que lorsqu’elle sort du bordel, et qu’elle tient à une discrimination sociale. À cet égard, j’aimerais te dire quelque chose, à toi qui penses qu’il devrait exister des programmes de soutien à l’entrée dans la prostitution plutôt que pour en sortir.

Je suis une de celles qui se sont prostituées, lorsque la prostitution en Allemagne a cessé d’offenser la moralité. Veux-tu savoir quel a été l’effet de cette légalisation ? Comme la majorité des prostituées, je ne me suis pas fait enregistrer en tant que prostituée, parce que je craignais de ne plus pouvoir échapper à ce statut. Parce que j’avais peur que l’on me demande pourquoi je ne voulais plus travailler comme prostituée, quand c’était maintenant un travail comme un autre. Et c’est exactement ce qui est arrivé quand j’ai voulu échapper au milieu. J’ai cherché de l’aide dans le réseau des soins de santé et n’ai trouvé qu’incompréhension. Et je n’ai pas réussi à m’échapper.

Qu’étais-je censée dire au bureau d’emploi quand je leur ai adressé une demande de prestations pour ne plus avoir à sucer dix bites par jour – afin de pouvoir avoir un logement et de quoi manger ? Ils m’auraient demandé comment j’avais gagné ma vie depuis les trois derniers mois ? Et si je leur avais dit, m’auraient-ils demandé pourquoi je ne voulais pas continuer à le faire, alors qu’il y avait un fantastique bordel tout près, qui engageait discrètement… ? Ou aurais-je dû prouver que je ne me prostituais plus ? Et comment prouver cela ?

Qu’étais-je censée dire au bureau d’emploi ?

Tu oublies également de parler du recours des prostituées aux drogues et à l’alcool, Stephanie. (Pourquoi ? Si tout y est si fantastique ? Mais apparemment, tout cela fait partie de la grande fête, de l’orgie, une façon de plus de s’éclater, non ?) Il y a tellement de choses que tu passes sous silence. Tu oublies la prostitution contrainte, la violence des clients, celle des macs (oups, on ne les appelle plus macs mais « partenaires », « agents de sécurité », « locateurs »). Tu oublies la haine des femmes, la haine de soi. Tu oublies les bénéfices que font les locateurs immobiliers, les propriétaires de maisons closes, les journaux (oui, ces annonces que publient les prostituées coûtent extrêmement cher), et le gouvernement (avec ses impôts). Tu oublies que tout ce monde s’enrichit aux dépens de la prostituée et l’exploite.

Qui en bénéficie le moins ? La prostituée. Elle reçoit la plus petite part de l’argent, tous profitent d’elle, tous en retirent quelque chose (du sexe, de l’argent, la satisfaction d’une soif de pouvoir), mais elle, à quoi a-t-elle droit ? À un trouble de stress post-traumatique, une dépendance à la drogue et beaucoup de solitude et de dégoût de soi. Tout cela n’est-il vraiment dû qu’à une discrimination sociale ?

C’est drôle, mais quand j’ai des flashbacks liés au stress post-traumatique issu de la prostitution, ce que j’ai comme images intérieures sont toujours celles de prostitueurs qui m’agressent ! Stephanie, demande donc aux trauma-thérapeutes d’où vient le stress post-traumatique dont souffrent les prostituées qui aboutissent éventuellement chez eux/elles (avec un peu de chance) ?

J’en ai marre de vous, les promoteurs de la prostitution, qui n’avez aucune idée de ce qu’elle implique et qui veulent me convaincre que la prostitution est un métier comme un autre. Je suis écœurée de vous voir tenter de conter à tout le monde la belle histoire de la merveilleuse prostitution volontaire. Vous qui n’avez aucune notion réelle de la prostitution mais qui, dans votre complaisante vision de gauche, débitez un baratin du genre « La prostitution a autrefois été l’expression d’un pouvoir sur les femmes, mais le rapport de forces est maintenant inversé et c’est la prostituée qui exerce le pouvoir sur le client. » Je n’ai jamais ressenti de pouvoir quand j’étais sous un damné micheton et je ne connais aucune femme qui ait déjà eu cette impression !

Vous qui êtes dans la prostitution et vous qualifiez de « travailleuses du sexe » me donnez envie de vomir. Parce que vous vous arrogez le droit de parler au nom de nous toutes, qui sommes dans la prostitution, et parce que vous amenez à croire que tout se passe bien les gens qui n’y sont pas (je parle des femmes, parce que les hommes savent en général la vérité, du fait d’être clients, mais ils ne vous diront jamais pourquoi ils vont au bordel, ce qu’ils y cherchent et ce qu’ils y font !)

Il est FAUX que tout se passe bien.

Je ne peux plus supporter de vous voir prétendre parler au nom de TOUTES les prostituées. Vous êtes une minorité dans la prostitution. Vous décrivez une réalité qui ne se passe pas comme ça. Vous niez aux victimes de violence leur statut de victimes, en les invitant même à s’en réjouir, sous prétexte que c’est une vie fantastique. Vos paroles réduisent au silence la MAJORITÉ des femmes prostituées.

Cette majorité qui s’enivre toujours en silence, qui se bourre de médicaments ou réitère sans cesse les violences qu’elles ont subies dans l’espoir futile d’apaiser leur douleur. Cette majorité qui, un jour ou l’autre, adopte la haine de ceux qui leur ont fait violence pour la transformer en haine de soi et entrer « volontairement » dans cette spirale de violence. Vous aspergez de votre mépris les femmes qui veulent témoigner de la violence qu’elles vivent dans la prostitution, en leur disant : « Eh bien, je suis désolée que VOUS avez connu de mauvaises expériences », comme si la violence n’était pas inhérente à la prostitution mais due à un « manque de professionnalisme » de la femme ou à une « personnalité endommagée qui la rend incapable de tolérer la recherche d’une expérience aussi fantastique ».

Vous ne libérez personne avec votre baratin néolibéral !

Vous voulez parler au nom de toutes ? Vous ne parlez PAS en mon nom ni en celui d’aucune prostituée que je connais. Vous exploitez simplement le fait que la plupart des prostituées sont trop occupées à tenter de survivre, trop traumatisées pour même prendre la parole. Je vous dénie le droit de parler au nom de toutes les prostituées, parce que vous silenciez celles qui pourraient désigner cette violence, vous exploitez leur silence et n’en faites même pas mention, ce qui contribue à les revictimiser.

Quand vous dites, « Chacun devrait pouvoir agir à sa guise », vous voulez dire, en réalité, que ce sont les prostitueurs et les proxénètes, ceux qui sont derrière vous, qui devraient pouvoir agir à leur guise, et non les prostituées.

Vous ne libérez personne avec votre baratin néolibéral. Quand vous dites que la prostitution devrait simplement être libérée de toute contrainte, sanction ou autre, et que tout irait bien, alors vous mentez, au nom d’une bien étrange théorie : Si les victimes de l’esclavage sont malheureuses du fait d’être esclaves, la solution est-elle de légaliser l’esclavage afin que les esclaves cessent de subir une « discrimination sociale » et puissent disposer d’une condition d’esclave améliorée mais permanente ?

Je ne vous salue pas,

Huschke Mau, huschke.mau@web.de

Lettera alla ministra del governo Manuela Schwesig

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Traduzione: simonasforza

Cara signora ministra Schwesig,

colgo l’occasione per scriverle perché ho visto che la proposta (QUI) di riforma della legge sulla prostituzione appena presentata porta i chiari segni delle lobby dei bordelli e dei papponi. È per questo che desidero chiederle di affrontare finalmente la realtà dei quartieri a luci rosse, invece di andare ad ascoltare le persone che raccontano la favola della prostituta felice e autodeterminata.

Sono uscita dalla prostituzione, dopo 10 anni. Perciò so bene di cosa si sta parlando. I motivi per cui ho iniziato sono tanti: una situaizione difficile nella mia famiglia di origine, nella quale sono stata massicciamente soggetta, insieme a mia madre, a violenze, anche sessuali, cosa che ha avuto un’influenza su di me, così come lo ebbe allora la favola della prostituta felice. Anche le necessità economiche e la mancanza di un aiuto psicologico e sociale hanno avuto il loro peso.
Sì, se vogliamo, sono entrata “volontariamente”. Io sono una delle prostitute volontarie, così spesso citate. Ma cosa significa volontaria, signora Schwesig, quando sei una persona traumatizzata da abusi sin dall’infanzia, arriva a prendere una decisione di questo tipo? Secondo me, la prostituzione ha significato un passo in avanti, perché avevo già imparato, che io in quanto ragazza, ero senza difese e senza diritti ed ero stata sessualmente abusata. In questo modo ho avuto modo di guadagnare soldi immediatamente e almeno garantirmi la sopravvivenza.

Se pensa che io sia un triste caso isolato, devo contraddirla. In questi dieci anni ho incontrato molte prostitute e non c’era nessuna tra di loro che non fosse stata abusata da bambina, picchiata o violentata da adulta. Ho riscontrato un comportamento compulsivo a continuare a rivivere il trauma attraverso la prostituzione, l’autostima spezzata dalla violenza, in molte prostitute. Sul tema della violenza nell’ambiente, da parte dei clienti – che ci fanno cose che non potete nemmeno immaginare, non ho neanche voglia di iniziare a parlarne qui.

Questa è la realtà dell’ambiente prostitutivo, signora Schwesig, e stiamo parlando di prostitute “volontarie”. E sì, anche loro soffrono di disturbi post-traumatici da stress, di dissociazione, di dipendenze da droga e alcol, perché non riescono a sopportarlo. Non voglio nemmeno parlare del fatto che il 90% delle prostitute in Germania non sono tedesche. Lascio a voi immaginare quali siano le loro condizioni di vita.

Lo scorso novembre scrissi una lettera aperta (QUI), perché non sopportavo più che la lobby pro-prostituzione continuasse a raccontare certe favole, come quella della libera puttana autodeterminata. La allego, nel caso lei desideri leggere cosa significa davvero prostituirsi. Perché se ne sente parlare così poco? Prima di tutto, perché la lobby pro-prostituzione ci intimorisce e ci minaccia (dopo quella lettera ho ricevuto delle email davvero brutte, piene di odio e di minacce), e in secondo luogo perché noi che siamo uscite siamo troppo traumatizzate per parlare.

Anche le donne non prostitute sono in qualche modo toccate dalla prostituzione, perché i clienti sono i loro uomini, che portano con sé ciò che hanno imparato nei bordelli – cioè a disprezzare le donne, a comprarle per torturarle – quando tornano a casa, nelle camere da letto delle loro stesse donne. La società viene brutalizzata, signora Schwesig. Si tratta di un ciclo infinito: quando la prostituzione è legalizzata, la domanda cresce, perché gli uomini imparano che è normale comprare un corpo di una donna, oltrepassare i limiti, avere il potere di violentare. La disponibilità cresce, il che significa che aumenta la prostituzione forzata. Questo a sua volta incrementa l’accettazione della prostituzione nella società, così la domanda cresce e così via.

Il 90% degli uomini tedeschi è già stato in un bordello. Un terzo di loro lo fa abitualmente. Signora Schwesig, sa cosa passa per la testa di questi uomini? Lo so perché ho vissuto in un bordello. Quegli stessi uomini a cui stringe la mano in modo amichevole oggi, domani sputeranno in faccia a una prostituta durante l’atto, oppure la costringeranno a ingoiare lo sperma, e impareranno a godere della sofferenza delle donne. Le piacerebbe vivere in una tale società? Non può essere la vostra prospettiva!

Non ci sarà mai una società sessualmente paritaria finché gli uomini compreranno le donne per poterle violentare. E non esiste nemmeno la prostituzione “pulita”!

È per questo motivo che le sto chiedendo di non ascoltare solo quelli favorevoli alla prostituzione, che sono tra l’altro spesso in gran parte guidati dai proprietari dei bordelli. Immergetevi un po’ più a fondo nella palude e incontrerete trafficanti di esseri umani e la criminalità organizzata. Ascolti anche i professionisti che si occupano di curare i traumi e le sopravvissute. La lobby della prostituzione non deve parlare al posto delle prostitute o delle sopravvissute! È composta da nemmeno 100 persone, che non ci rappresentano, 300.000 prostiute in Germania, ma che ci minacciano e lavorano contro i nostri interessi!

Noi non vogliamo fare questo lavoro. Non abbiamo bisogno della legalizzazione! Non abbiamo bisogno di qualcuno che sostenga che non vogliamo la registrazione, l’uso obbligatorio del preservativo, ecc.! Sì, noi vogliamo queste cose! E vorremmo più di ogni altra cosa non dover più fare questo lavoro. E che gli uomini che ci violentano siano puniti. Abbiamo bisogno di alternative, non essere più imbrigliate nei distruttivi poteri disumani dell’ambiente prostitutivo!

Cara signora Schwesig, non è passato molto tempo da quando ho lasciato la prostituzione: 3 anni. Ho avuto il mio primo cliente a 18 anni. Sapete di cosa avrei avuto bisogno durante i dieci anni in cui sono stata prostituta, nel corso dei quali sono stata picchiata, violentata, traumatizzata, disprezzata, e malata anima e corpo? Un aiuto e una società sensibilizzata, che non pensasse che io desiderassi “godermela” e che fossi felice di essere abusata.

Non conosco nessuna prostituta che lo fa volentieri. Non conosco nessuna sopravvissuta che non soffra di disordini post-traumatici da stress. Tutte le donne che conosco sono state distrutte dalla prostituzione.
Si prega di vietare questa disumana, indegna prostituzione. E se questo per lei non è possibile, occorre cercare di ridurla il più possibile. Grazie per aver letto la mia lettera.

Huschke Mau